Sandrine Hirson, découvrir les possibles

Autodidacte, je réalise en janvier 2001 une première exposition personnelle avecdes toiles à dominante bleue. La série « Atlantide » sera le départ vers unecréation non figurative. Sortir du figuratif pour créer l’émotion, par la couleur. Pourmoi, l’abstraction est une évidence plus qu’un choix. C’est une aventure, uneexploration de tous les possibles et un cheminement vers l’âme. Ma démarche estexclusivement émotionnelle, passionnée. Par la peinture, j’explore mes propresémotions.

Pour créer, je m’inspire de ce qui m’entoure : à la fois de la nature mais aussi desscènes de vie. Je peins une illusion de la nature, jamais la réalité, et des élémentsqui la composent. Je n’utilise pas d’image ni de photo mais des souvenirs devoyages ou des moments de vie parfois enfouis. Je renoue avec l’intime etl’inconscient. Mon appréhension du
territoire est une errance subjective où ladérive devient liberté. Grâce à mes gestes et ma pâte, je crée des effets delumière afin d’inventer des mondes imaginaires et infinis, des univers différents etune déclinaison personnelle de mes sentiments.

Je puise dans mes émotions l’énergie nécessaire à la création. Je m'investistotalement dans mon oeuvre sans aucun sacrifice, sans artifices et je me mets à nupour faire passer mon message, mes idéaux et mes démons. J’utilise la peinturecomme un cri. Mon art reflète et symbolise la mise en lumière de mes pensées, demon vécu et de ma vie.

Je ne cherche pas à reproduire. Je veux laisser le choix de voir ou ne pas voir. Jecherche l’émotion, le ressenti, l’équilibre entre les harmonies et le contraste entrela couleur intense ou discrète. Mon univers
offre une approche picturale directe,physique et émotionnelle que chacun est libre de s’approprier. C’est uneinvitation à découvrir les possibles, redonner à voir un paysage et une atmosphèreconnue ou rêvée.

Mon art est rempli d’émotion et de passion. Il est unique et personnel car ilreprésente, ce que moi, peintre, je ressens et je vois. La finalité n’a pas à êtrejolie mais authentique et vraie. C’est une rencontre avec la toile pour rêver ets’évader. Entre raisonnement et extase poétique, rien n’est élucidé. D’ailleurs, jene donne pas d’indices de lieux ni de temps aux titres de mes oeuvres pour
nepas influencer le spectateur. Au contraire, je lui offre un état d’énigmes, deterrains d’apparition où il peut, s’il le souhaite, construire sa proprereprésentation. Au loin, Mirage, Traversée, L’absence, Déchirure… sont autant decatalyseurs de récits possibles. Il faut se laisser porter et lâcher prise, puiser ensoi. Le seul message que je souhaite faire passer est celui du lâcher prise.

Depuis mes débuts, j’utilise la peinture à l’huile car elle offre l’avantage de ne passécher trop rapidement. Quand je laisse libre cours à ma créativité, j’aime prendremon temps. J’ai la liberté de créer sans précipitation et expérimenter dans lesmoindres détails. Je ne peux m’empêcher d’essayer de nouvelles choses : soit pardes mélanges soit par des juxtapositions de couleurs. J’invente mon proprevocabulaire abstrait, construit, dépouillé et unique. De cette façon, je donnenaissance à une vision du monde ou du moins à une atmosphère particulière danslequel le spectateur peut se plonger.

Je crée toujours à l’aide de spalters et de couteaux. Le travail au couteau estdevenu une évidence. Contrairement au pinceau, que je n’utilise qu’au moment derecouvrir la toile, le couteau me permet de fondre les couleurs entre-elles et detravailler la matière en relief. Sans cesse, je joue avec les couleurs, les épaisseurset les transparences pour donner vie à mes tableaux. De l’empâtement à une plusgrande fluidité, je donne corps à ma peinture en neutralisant graduellement mapalette. Des couleurs intenses en passant par des tons plus subtils et doux, jeréalise tout un dégradé chromatique unique en son genre. De la surface au fond, jefais surgir une nouvelle dimension où le flou et le diffus entrent en scène.

Sans vouloir m’enfermer dans un cadre et un processus créatif précis, il m’arriveparfois de commencer plusieurs toiles en même temps. Je me laisse alors guider parmes envies et mes émotions et je laisse libre cours à mon imagination jusqu’àréellement structurer les formes, étaler ou accentuer les couleurs dans une grandeharmonie. Mes toiles donnent l’impression d’une succession de plans, tous différents les unsdes autres, mais où l’équilibre et la complémentarité s’affichent naturellement.

Je fais le choix de travailler sur des formats de toiles variées pour me confronter àl’espace. Petites, moyennes ou grandes il me faut, un peu à la manière d’unsculpteur, appréhender le volume et l’espace.